Née de différents courants de pensée, l’agriculture biologique apparaît en Europe entre les deux guerres mondiales.
Elle est portée par des agronomes, des médecins, des agriculteurs ou des consommateurs qui réagissent contre l’industrialisation et le matérialisme qui gagne progressivement l’agriculture.
Elle repose sur la préservation du sol, l’observation et le respect des équilibres naturels afin de pouvoir produire des aliments de qualité et préserver l’autonomie que les paysans vont perdre peu à peu.
Très implanté dans les pays du nord de l’Europe et aux Etats-Unis la Biodynamie accorde une importance particulière au compostage, à l’usage de préparations végétales et minérales stimulantes, à la prise en compte des forces telluriques.
Le domaine agricole est alors considéré comme un organisme vivant dans lequel l’homme a sa place et son évolution est liée à celle de la nature.
Les productions biodynamiques sont certifiées bio, on les identifie aujourd’hui par le label Demeter.
En 1940 l’agronome anglais Albert Howard publie des théories sur la fertilité du sol, l’importance de l’humus et l’usage d’engrais obtenus à partir de matières organiques renouvelables compostées. Lui aussi remet en cause l’utilisation des engrais minéraux chimiques.
Dans les années 70, paysans transformateurs et militants s’organisent. Les syndicats professionnels comme la FNAB ou le GRAAB voient le jour.
Tenue par des écolos soucieux de leur alimentation, les premières coopératives de consommation à l’origine des magasins Biocoop se développent en partenariat avec des agriculteurs pour pallier au déficit et au coût des produits distribués jusqu’alors par des boutiques de produits naturels et diététiques.
En parallèle les producteurs montent des structures de vente destinées à l’expédition régionale qui fusionneront et deviendront par la suite des plates-formes d’approvisionnement des magasins Biocoop.
Les impacts positifs de l’agriculture bio sur l’eau, le sol, la biodiversité et les paysages sont largement admis aujourd’hui en Europe et dans le monde à travers diverses études.
Parmi les études de grande envergure, on peut citer les conclusions de plus de 20 années d’observation sur parcelles expérimentales qui ont été publiées en 2005 par l’université Cornell :
L’augmentation du marché bio devrait entraîner la baisse de certains coûts comme la fabrication, la logistique et la distribution. Il convient aussi de signaler que les produits conventionnels induisent des surcoûts indirects pour la dépollution, le système de santé… et donc, l’écart de prix n’est pas celui affiché sur l’étiquette.
Pendant toutes ces années d’effort dans un environnement sceptique, la planète bio française s’active pour sortir de la marginalité. Les pratiques s’améliorent.
Les évolutions de la Bio dans les pays de l’union diffèrent selon l’engagement de chaque État membre et sont liés aux aides apportées au niveau national ou régional. Les aides à la conversion existant en France depuis 1992 sont versées pendant 5 ans pour une période de conversion de trois ans selon les productions. Un certain nombre de pays accordent cette aide de façon permanente aux producteurs, ce que les bio français réclament depuis longtemps.
Présente partout à travers le monde, la bio bénéficie du soutien de plus en plus de gouvernements et enregistre un fort développement en Chine. La plupart des terres bio de la planète se répartissent ainsi : L’Australie et l’Océanie, l’Europe, l’Amérique latine, l’Asie, l’Amérique du Nord, l’Afrique.
Dans les pays pauvres, la Bio apparaît comme une opportunité parce que étant moins coûteuse en matériel et produits sophistiqués, elle est plus adapté aux ressources et au savoir faire locaux.
Dans le cas d’une ferme jusqu’alors conventionnelle, une phase de transition déclarée à l’organisme de contrôle est obligatoire. La période de conversion est de 2 ans pour les cultures annuelles comme le maraîchage, les céréales et les prés.
Ce n’est qu’à la fin de la deuxième année que l’agriculteur peut utiliser l’appellation « produit issu de l’agriculture biologique » pour la vendre. Elle est de 3 ans pour les cultures pérennes comme les arbres fruitiers et la vigne.
En plus du contrôle annuel, 50% des producteurs et des transformateurs reçoivent une visite surprise à la charge du producteur. Les bio doivent payer pour prouver qu’ils ne polluent pas !
Les contrôleurs sont eux-mêmes soumis à des obligations et doivent être agréés par les pouvoirs publics.
Ainsi au lendemain de la première guerre mondiale, l’agriculture moderne va prendre son envol. Dans les campagnes les machines vont bientôt remplacer les animaux, et les hommes être appelés par l’industrie et les villes.
Les engrais chimiques de synthèse et l’industrie de nitrates ont de nouveaux débouchés. Ceux là même qui ont servi à la fabrication des explosifs durant quatre années de guerre.
Plein de promesses pour un monde agricole grâce à des produits faciles d’emploi et pour augmenter les rendements. Ils augurent la spécialisation des exploitations tantôt en culture tantôt en élevage dans une intensification à l’excès.
L’agriculture raisonnée n’a rien à voir avec l’agriculture biologique. Elle est apparue dans les années 90 à l’initiative du « forum de l’agriculture raisonnée et respectueuse de l’environnement », association composée de représentants des industries phytosanitaires, de fabricants de pesticides agroalimentaires et de coopératives de syndicats agricoles. Elle n’ambitionne pas de supprimer des produits chimiques mais seulement d’en limiter les excès. Les mesures préconisées par son référentiel ne sont pas contraignantes tout comme les modalités de son non-respect.
Également appelés produits phytosanitaires, ce sont des formulations destinées à détruire certaines espèces au profit d’autres. Insecticides contre les insectes indésirables, herbicides contre les mauvaises herbes, fongicides contre les champignons, etc. Autant de biocides qui tuent la vie conformément à leur étymologie.
L’emploi répété de ces mêmes substances sur de grandes surfaces, conduit rapidement à des phénomènes de résistance de la part des agresseurs, entraînant une surenchère de traitement et rendant le produit inefficace (comme les antibiotiques en médecine).
Le conseil des produits phytosanitaires est assuré par les mêmes sociétés qui les vendent, ce qui ne favorise pas le développement d’alternatives comme la bio !
Sur le plan environnemental et sanitaires les pesticides posent des problèmes plus grave encore, car ils sont aujourd’hui présents partout : dans l’eau, dans l’air et même dans le sang et les tissus adipeux des adultes comme des enfants, ainsi que dans le lait maternel. Avant même la naissance, le fœtus est contaminé par les pesticides.
Les culture maraîchères, l’arboriculture fruitière et la vigne, ainsi que les céréales figurent parmi les plus traités. Dans plus de la moitié des fruits et légumes consommés, les limites maximales résiduelles admissibles sont largement dépassées.